Histoire de la Capoeira

Capoeira : entre valeur et tradition

N’Golo – la danse du Zèbre

Albano de Neves e Souza, peintre portugais (XXe siècle) et grand voyageur, rapporte qu’en Afrique, dans la culture Bantou, dans le sud de l’Angola, existe le N’Golo ou danse du Zèbre, un rituel d’initiation d’adolescents, qui serait l’origine directe de la capoeira.
Du Sénégal jusqu’à l’Afrique du sud, on retrouve des luttes traditionnelles, organisées à l’occasion de rituels et de cérémonies de la vie locale.

Le Brésil au XVIe siècle

A partir de 1537 débute la déportation des esclaves noirs au Brésil.
En 1595, un portugais venu pour convertir les natifs, écrit : « Les indiens Tupi-Guarani se divertissent en jouant la Capoeira. »
Le mot capoeira apparaît au début du 19ème dans des registres de police.

Des origines disputées

Mestre Bimba déclare au journal ‘Tribuna de Bahia’ en 1969 : « Ce fut dans les senzalas du Reconcavo que naquit la Capoeira ».

Il ajoute: « Les noirs, oui, étaient d’Angola, mais la Capoeira est de Cachoeira, Santo Amaro et de l’ile de Maré ».

Fu-Kiau (Congo) avance que le mot « capoeira » serait un dérivé du mot Kikongo kipura, un terme utilisé pour décrire les mouvements d’un coq durant un combat et signifie aussi flotter, voler d’un endroit à un autre lors d’un combat.

La résistance

Les africains amenés comme esclaves créent des formes de résistance et de lutte propre, comme le Ladja, ou Damnye en Martinique, Pagiembel en Guadeloupe, ou le Mani à Cuba.

Zumbi, le chef du « Quilombo dos Palmares », une communauté d’africains libérés, est un personnage symbolique qui est chanté dans les rodas. Il résista de 1610 à 1697 aux Portugais, il reste le symbole de la liberté et la rébellion noire.

Les fruits de la contestation

La révolte des Malés est menée en 1835 par un groupe d’esclaves musulmans. De nombreux esclaves quittent Bahia en direction d’autres états.

C’est l’époque où circulent les « escravos de ganho », esclaves en semi-liberté qui travaillent pour le compte de leur maître.

En 1850, avec la loi Eusébio de Queiros, le trafic négrier est interdit officiellement, mais perdure dans l’illégalité.

En 1871 est voté la loi du ventre libre, avec elle les fils d’esclaves seront libres, après leur majorité.

Les dérives

La Guarda Negra, composée de capoeiristes à la solde du gouvernement monarchiste (la princesse Isabel ayant signé la loi abolissant l’esclavage), est créé à Rio de Janeiro vers la fin du XIXe.

Ces gangs de Capoeira appelés « maltas » sont utilisés comme instrument de pression durant les élections, mais suite à la proclamation de la République, ils sont assimilés à des voleurs et brigands et quiconque est surpris en délit de « Capoeiragem » est puni par une loi du code pénal de la République des Etats-Unis du Brésil (1890).

Ce n’est pas la première fois que les capoeiristes étaient instrumentalisés par le gouvernement. Lors de la guerre avec le Paraguay (1864-1870), le gouvernement fit envoyer des capoeiristes. Beaucoup y allèrent libres, de leur propre volonté, mais beaucoup plus y furent forcés et contraints.

Persécutions

Le Major Nunes Vidigal devient célèbre par ses persécutions envers la Capoeira. Elle survit malgré les efforts des autorités de l’époque pour faire disparaître les expressions de la culture Afro. C’est dans la prison de l’île de Fernando de Noronha qu’étaient envoyés les capoeiristes.

Mutations

Au début du 20ème siècle, c’est sur les places publiques des grandes villes, lors des manifestations religieuses, que les joueurs de capoeira se retrouvent malgré la répression des autorités.

L’installation

La capoeira se déplace vers les grands centres urbains.

Originaire de Bahia, Besouro de Maganga est le premier capoeiriste à devenir une légende et être célébré dans les chansons.

Les courants

Mestre Bimba crée une capoeira caractérisée par des mouvements et un code éthique strict. En 1936 c’est à Salvador au Parque Odeon qu’il affronte et bat le fameux Henrique Bahia.

Il faudra attendre 1937, pour que Bimba obtienne l’autorisation légale d’ouvrir la première « Académie de lutte régionale de Bahia ». Cette pratique attire la classe moyenne et les étudiants.

A Rio c’est Sinhozinho, qui extrait la Capoeira de son contexte musical et rituel, la mélange avec d’autres arts martiaux, et la divulgue auprès de la classe moyenne Carioca. Dans les rodas de Capoeira de Salvador, de cette époque, évoluent d’autres grands noms de cet art afro-brésilien : Amorzinho, Maré, Livinho Diogo, Aberré.

Mestre Pastinha ouvre à son tour en 1941 son centre dans le quartier Liberdade, et développe le style Capoeira Angola, afin de conserver l’héritage africain.

source: http://www.capoeira-languedoc.fr/

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